Adolphe Sax Album Vol. 1
Adolphe Sax, inventeur génial du saxophone (breveté en 1846) est nommé au poste de Directeur de la Musique de Scène à l'Opéra de Paris entre 1847 et 1894. C'est la place idéale pour promouvoir et expérimenter ses instruments à l'orchestre - l'inventeur finit par imposer le saxophone dans certaines oeuvres lyriques, symphoniques, musiques de ballets et bien sûr les musiques régimentaires.
On recense de nombreuses apparitions de l'instrument, d'abord timidement mêlé à l'orchestre puis dans de véritables solos pittoresques.
Si l'intervention des saxophones dans la Corona d'Italia de G. Rossini, Tannhaüser de R. Wagner, la Damnation de Faust de H. Berlioz, Ondine et le pêcheur de P. Dukas, Hulda de C. Franck ou la 1re symphonie de A. Magnard demeure une tentative anecdotique, d'autres compositeurs comme G. Bizet, C. Saint-Saëns, A. Thomas, V. D'Indy, L. Delibes, G. Charpentier ou J. Massenet offrent à l'instrument de belles phrases chantées au sein même de l'orchestre.
On ne compte guère qu'une poignée d'oeuvres de musique de chambre mixte avant 1900. En revanche, la formule saxophone accompagné d'un piano (ou d'une fanfare) est d'usage courant. Les musiques sont écrites principalement par les amis de l'inventeur, souvent chefs de musiques régimentaires qui utilisent un style simple et classique pour les besoins du divertissement de plein air (thèmes et variations virtuoses loin des grands chefs d'oeuvre romantiques de l'époque).
Cette petite suite musicale retrace un parcours chronologique des solos de saxophone avant 1900, à découvrir avec une réduction de piano comme support harmonique.
Hector Berlioz (1803-1869), véritable défenseur des inventions de Sax, vante les mérites du saxophone dans son Traité d'instrumentation. C'est lui qui utilise la 1re fois l'instrument dans une oeuvre pour 6 instruments à vent afin de saluer avec enthousiasme les inventions du célèbre facteur belge. Hymne pour les instruments de Sax sera donné en public le 3 février 1844 à Paris salle Hertz, Adolphe Sax jouant lui-même la partie de saxophone basse en Mib. La partition demeurant malheureusement introuvable, on sait néanmoins que l'Hymne était une adaptation de son Chant sacré pour choeur composé quelques mois plus tôt. Le 1er solo présenté ici est une possible reconstitution du solo de saxophone.
La Berceuse, solo originellement joué au saxophone soprano, est extraite de Santa Claus Symphony (1853) de William Henry Fry (1813-1854). Le compositeur né américain était un fervent admirateur d'Adolphe Sax et le 1er compositeur américain à écrire pour grand orchestre. Ce solo est symbolique : il s'agirait de la première intégration du saxophone aux Etats-Unis, 50 ans avant le jazz dixieland.
Récit est une véritable cadence consacrée au saxophone alto sur un accompagnement de pizzicati de cordes et tenues de cuivres. Ce récit est extrait du récit et prologue du 2nd tableau de l'Acte II de l'opéra Hamlet (1868) de Ambroise Thomas (1811-1896). Les deux chants du Pérou (1865) sont originellement harmonisés habilement pour 3 saxophones d'après des chants joués par les Indiens sur "la Quena", leur instrument national.
Orient est un solo de saxophone tiré de la grande marche militaire pour orchestre à vents Orient et Occident opus 25 (1869). Camille Saint-Saëns (1835-1921) a souvent utilisé le pupitre de saxophones, tant dans ses ouvrages symphoniques que lyriques.
L'Ouverture et l'Intermezzo de Georges Bizet (1838-1875) sont des solos de saxophone alto des plus remarquables. Ils sont extraits des suites pour orchestre de la musique de scène de l'Arlésienne (1872).
La Barcarolle de Léo Delibes (1836-1891) est tirée de son ballet séduisant Sylvia (1876). On y entend un solo très élégant au saxophone alto.
Jules Massenet (1842-1912) utilise le saxophone de nombreuses fois. On apprécie bien sûr la valse avec saxophone dans son opéra Le Roi de Lahore, mais c'est surtout grâce à son opéra Werther que le saxophone a été reconnu. Dans l'Air des larmes de Werther (1892), le saxophone dialogue superbement avec le personnage de Charlotte. Le solo de Vision est un chant au saxophone alto qui donne la réplique à Hérode dans l'opéra Hérodiade (1881).
La Fantaisie de ce recueil est un extrait de la Fantaisie variée pour saxophone et piano (1889). Elément du patrimoine historique du saxophoniste, cette pièce est typique des musiques légères et décontractées de l'époque. Léon Wettge (1844-1909) était chef de musique du 28e régiment d'artillerie de Versailles avant d'être chef de la Garde Républicaine.
Nicolas Prost
Contenu
BERLIOZ : 1er Solo - BIZET : Ouverture - BIZET : Intermezzo - DELIBES : Barcarolle - FRY : Berceuse - MASSENET : Vision - MASSENET : Air des Larmes - SAINT-SAENS : Orient - THOMAS : Deux chants du Pérou - THOMAS : Récit - WETTGE : Fantais
Fiche technique
- Arrangeur(s)
- Nicolas Prost
- Instrumentation
- Saxophone alto et Piano
- Edition
- Henry Lemoine
- Référence
- HL28891
- ISBN / ISMN
- 9790230988919